
Une « Normalité » étouffante
- Publié par Marie Fournier-Bidoz
- Le 18 septembre 2016
Lors de ma dernière année d’études j’ai eu la chance de pouvoir réaliser un stage en crèche auprès d’un enfant porteur d’autisme. Louis était âgé de deux ans. Il ne parlait pas, ne marchait pas et répétait sans cesse les mêmes sons. Son regard était comme perdu, il passait des heures à faire rouler un objet et ne cessait de répéter le même geste : ouvrir et fermer une porte. Peu renseignée sur l’autisme et plongée au coeur de cette crèche, j’ai dû accompagner Louis durant 9 mois.
Bien que chaque rencontre avec un patient soit une rencontre avec une personne singulière, cette année passée auprès de Louis, m’a révélé l’humanité pouvant émaner d’un tel accompagnement.
Face à cet enfant, j’ai été confrontée à une multitude de questions. J’ai été prise, au départ, dans cette idée de le « guérir » à tout prix. L’autisme de Louis me plongeait parfois dans cet objectif de stimuler constamment cet enfant.
Accompagner Louis m’a permis de comprendre, avec le temps, qu’il faut supporter de ne pas savoir et accepter de ne pas avoir les réponses. Et finalement repousser cette « normalité » dérangeante et même parfois étouffante.
A défaut d’imposer mon monde à Louis je suis allée découvrir le sien. Cette rencontre m’a bousculée de façon très positive !
Lorsque je parle de chance, en début d’article, je pense à cette réelle opportunité, à cette belle rencontre qui m’a poussée à penser le respect, la tolérance et l’acceptation de l’autre.
Merci à toi Louis.
« La différence invisible »
Vous parlez de cette expérience me permet de rebondir sur la BD de Julie DACHEZ et Mademoiselle Caroline « La différence invisible ». Il est illustré et raconté, au travers de cet ouvrage, la vie de Marguerite, une jeune femme autiste Asperger.
Julie DACHEZ, auteure de la BD, a été diagnostiquée autiste Asperger à l’âge de 27 ans. « L’autisme de Marguerite » n’est en rien semblable à « l’autisme de Louis ». Toutefois, cet ouvrage nous raconte la différence au sens large et le respect de chacun.
Je vous conseille vivement cette lecture ! – http://www.bdfugue.com/difference-invisible
En parcourant cette BD j’ai pensé à tous mes « petits et grands » patients (soit disant) « Trop sensibles », « Trop actifs », « Trop réservés », « Pas assez ouverts », « tête en l’air », Trop comme ci, trop comme ça… et finalement qui « ne correspondent » jamais au MOULE. Ce « moule » agaçant et parfois même destructeur…
Marie Fournier-Bidoz
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