
Le deuil périnatal
- Publié par Marie Fournier-Bidoz
- Le 24 janvier 2017
PENSER ET PANSER L’IMPENSABLE
Le deuil périnatal : deux termes qui ne « collent » pas entre eux, qui ne peuvent être pensés ensemble… Marie Josée Soubieux, pédiatre, nous parle très justement de cette absence terrible, ce manque insupportable, qui est celui du « berceau vide ».
Cette thématique, celle qui nous parle de la perte d’un bébé in utéro ou à quelques jours de vie, est peu connue et parfois très mal comprise. Professionnels, nous rencontrons parfois ces parents bouleversés et dévastés. Projets et attentes disparaissent bien trop tôt. Ce n’est pas seulement le deuil du bébé mais aussi le deuil de beaucoup de rêves et beaucoup de promesses.
Le deuil périnatal est peu raconté. Il fait peur et questionne, plus rien n’est logique. Il représente parfois une histoire tue, une histoire enfouie. L’enfant n’a pas vécu… Il est difficilement « pensé » par l’entourage. Le silence des proches est parfois très pesant pour les parents. Ce bébé n’a pas eu le temps d’exister aux yeux des gens… Voilà pourquoi il est parfois difficile pour eux de penser la douleur de ces mères et de ces pères.
La douleur ressentie par la mère, le père, équivaut à la grandeur du rêve qu’ils portaient en eux. L’enfant qui n’a pas été vu, connu, ne laisse que peu de traces. Finalement seuls les parents et parfois quelques personnes de l’entourage ont pu le rencontrer. Seule la maman a senti cet enfant. C’est à la fois un deuil de cet enfant mais aussi un deuil dans son corps. Ce bébé a bel et bien excité en elle.
Le travail du psychologue et de tout thérapeute, étant d’aider ces mères et ces pères à panser l’impensable. Etre à l’écoute, en parler, faire exister ce bébé est très important. Il est primordial de redonner cette possibilité de penser : penser le bébé. Les quelques mois où le bébé a été présent dans le ventre de sa mère ont une grande importance!
Colère, tristesse, culpabilité, agressivité, doivent être accueillis. La douleur de ces mères et de ces pères amène de toute évidence à des sentiments très forts et parfois même contradictoires.
Il est évident de reconnaître cet enfant, de reconnaître ce que les parents ont vécu. Si l’on peut en parler, on peut alors avancer pas à pas et penser les évènements…
« Tu n’es plus là où tu étais, mais tu es partout là où je suis… »
Victor Hugo
Marie Fournier-Bidoz , psychologue
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